Waha est une école d’inspiration Freinet dans le sens où la pédagogie mise en oeuvre repose sur les principes et les valeurs de Célestin Freinet.

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5 valeurs clés de la pédagogie d’inspiration Freinet mise en oeuvre à Waha.

1. Une pédagogie du travail

Intéresser l’enfant à son travail et à sa vie d’enfant reste donc le premier des objectifs de l’Eco1e Moderne. On peut voir, dans nos divers écrits, dans nos classes et dans nos expositions, dans quelle mesure nous avons amorcé cette révolution pédagogique. (In invariant n°18)

Les pédagogies dites « actives » sont souvent perçues comme centrées sur l’élève. En pédagogie Freinet, le centre de gravité de la classe repose sur le travail (la clé de voûte de la pédagogie selon Freinet). Par conséquent, les apprentissages s’organisent en une série de travaux disposant de certaines caractéristiques dont les plus importantes sont le fait de devoir faire sens aux yeux de l’élève, pouvoir s’organiser selon une approche coopérative (voir ci-dessous) et entretenir du lien avec le réel (extra-scolaire). Prenons un exemple. Un enseignant peut dispenser un cours à propos des relations entre la Belgique et l’Afrique à l’époque coloniale. C’est un cours. Un enseignant peut proposer un travail aux élèves basé sur une recherche d’informations à propos du même sujet. Ce travail les conduit à explorer des ressources en ligne, à investiguer les collections enfouies de l’université de Liège, à prendre contact avec des associations actives dans le devoir de mémoire. Les apprentissages « matière » sont identiques mais les tâches proposées sont plus engageantes, motivantes (et parfois complexes) ce qui génère des effets importants sur l’élève dans les domaines de l’autonomie, de la collaboration, de la communication, etc. Soyons clair : tous les cours disciplinaires de Waha ne s’organisent pas systématiquement selon cette approche mais chaque élève de Waha sera tôt au tard aux prises avec ce travail Freinet dans le cadre de cours, d’ateliers, de voyages de mémoire, de grands projets pluridisciplinaires.

2. Une pédagogie coopérative

L’enfant n’aime pas le travail de troupeau auquel l’individu doit se plier comme un robot. Il aime le travail individuel ou le travail d’équipe au sein d’une communauté coopérative. (Titre de l’invariant n°21)

La coopération, selon Freinet, induit la possibilité de pouvoir faire travailler l’élève seul et en sous-groupes dans le cadre d’un travail (voir ci-haut). Donc, coopérer ne veut pas dire toujours travailler en groupe, bien au contraire. Une idée fondamentale de Freinet est de permettre l’expression de la singularité de chaque élève, de prendre en compte ses besoins spécifiques. Si on reprend l’exemple proposé ci-dessus, on perçoit que les tâches proposées peuvent se ventiler selon qu’elles se réalisent seul (recherche d’infos en ligne, lecture de documents, présentations personnelles de sa recherche) ou en sous-groupes (investigation des archives de l’université, des rendez-vous avec des associations, etc.) Dans certains cours, cette coopération prend la forme de pratiques de tutorat ou d’une gestion commune de l’agenda de classe.  Par ailleurs, pour Freinet, cette coopération est indispensable pour garantir la discipline coopérative de travail : puisqu’ils font quelque chose qui les intéresse, qui a du sens à leurs yeux et puisqu’ils peuvent travailler seuls ou en groupes selon les tâches à accomplir, alors les élèves vont se donner les moyens d’y parvenir c’est-à-dire se discipliner pour atteindre les objectifs. Freinet le disait, par exemple, en ces termes: « une classe complexe, qui doit pratiquer simultanément des techniques diverses, et où on essaye d’éviter la brutale autorité, a besoin de beaucoup plus d’ordre et de discipline qu’une classe traditionnelle, où manuels et leçons sont l’essentiel outillage. » (Invariant n°22)

3. Une pédagogie de la citoyenneté

Au siècle de la démocratie, alors que tous les pays, les uns après les autres accèdent à l’indépendance, l’Eco1e du peuple ne saurait être qu’une école démocratique préparant, par l’exemple et par l’action, la vraie démocratie. (In invariant n°27)

À Waha, la citoyenneté est au cœur du projet d’établissement et elle s’incarne dans toute une série de dispositifs qui débordent complètement les frontières d’un cours. Comme précisé ci-haut, l’approche méthodologique de Freinet induit une forme de vivre ensemble autour du travail imaginé. Les ateliers organisés dans l’école relèvent tous de cette même dynamique de faire œuvre commune, d’autant plus que certains ateliers disposent de thématiques très citoyennes et engagées. Les conseils de classe, chaque mercredi, invitent les élèves à se positionner vis-à-vis de la vie de leur école et d’en amender des dispositifs qu’ils jugent inopérants. Les grands projets partent toujours d’une problématique sociale contemporaine en lien étroit avec leur devenir citoyen. Waha c’est donc une forme de laboratoire de pratiques démocratiques qui conduit les élèves à expérimenter les enjeux de l’exercice actif de cette citoyenneté critique dans un cadre sécurisé, l’idée étant que ces réflexions, ces prises de position, ces débats (parfois houleux) les préparent à investir la société d’une manière participative et éclairée.

4. Une pédagogie du réel

Qu’un enfant tourne les pédales d’un vélo sur cale, il s’en lassera vite, alors qu’il ira au bout du monde sur son vélo qui roule pour du bon. (In invariant n°8)

Un pilier de la pédagogie Freinet repose sur la méthode naturelle, c’est-à-dire permettre à l’enfant d’apprendre à l’école comme il apprend dans l’environnement extra-scolaire, notamment par essai-erreur ou en faisant de nouvelles expériences. Dans un environnement secondaire, cette relation au réel s’organise différemment en fonction des activités réalisées par les élèves. Toute une série de cours portent ou démarrent sur des questions d’actualité travaillées en classe. Les élèves sont parfois enrôlés dans des projets qui inscrivent la production dans le réel et la destinent à un public extra-scolaire. Le réel s’impose également à eux via les nombreuses activités organisées en dehors des murs comme les voyages, les sorties culturelles et scientifiques, les stages en milieu professionnel ou encore la défense de leur travail de fin d’humanités (TFH) devant un jury composé de membres issus du monde extrascolaire. Le blog met en évidence plusieurs initiatives pédagogiques tissant du lien entre l’école et le monde dans l’esprit de la pédagogie Freinet originelle.

5. Une pédagogie de la créativité

Nous pouvons pratiquer une pédagogie qui permette aux enfants de réussir, de présenter des travaux faits avec amour, de réaliser des peintures ou des céramiques qui sont des chefs-d’œuvre, de faire des conférences applaudies par les auditeurs. (In invariant n°10 bis)

La créativité doit être principalement comprise comme la capacité des élèves à trouver une solution nouvelle face à un problème rencontré. Chaque travail induit pour les élèves d’être créatifs pour identifier et organiser les modalités de coopération efficaces pour relever le défi. Les conseils de la classe les invitent à imaginer des solutions efficientes pour améliorer le vivre ensemble de l’école. Les ateliers sont, par nature, créatifs puisque des élèves (qui ne se connaissent pas nécessairement au début) vont mettre en œuvre des stratégies non seulement pour créer leur produit fini (un recueil de poésie, une expo de figurines, un débat politique, une maquette musicale) mais aussi pour assurer la communication de leur travail au public lors des journées portes ouvertes. L’élève de Waha n’est donc pas plus créatif parce qu’il dispose d’un plus grand volume de cours artistiques mais plutôt parce qu’il est amené à rencontrer davantage de défis pendant sa scolarité, autant d’opportunités de faire preuve de créativité mais aussi de responsabilité.