Un bâtiment inscrit au patrimoine exceptionnel de Wallonie
L’Athénée Léonie de Waha c’est aussi l’histoire d’une école logée dans un bâtiment hors normes à bien des égards. Lors des portes ouvertes et des journées du patrimoine, vous avez l’opportunité d’en découvrir l’architecture moderniste et les oeuvres d’art qu’il renferme. En voici déjà un bref aperçu !
1938 : la vision de Jean Moutschen
Le Lycée communal Léonie de Waha est conçu par l’architecte Jean MOUTSCHEN en 1936. Il répond à la commande du conseil communal qui souhaite agrandir et rénover son Institut supérieur de Demoiselles ou Institut Braquaval et définit un projet précis : les classes pour le fondamental et le secondaire, deux gymnases et une piscine, une salle de conférences, une salle de musique, des locaux pour les cours spéciaux (chimie, physique, dessin, …), un internat, des réfectoires et un abri souterrain. En septembre 1938, c’est l’inauguration. Le conseil communal de la ville de Liège a décidé d’honorer Léonie de Waha en reconnaissance de ses actions pour les Liégeoises et les Liégeois en nommant officiellement l’école : Lycée communal Léonie de Waha.
Une architecture moderniste visionnaire et ambitieuse
La première vision du Lycée, c’est une façade sévère, grise, peut-être rébarbative auprès des immeubles du boulevard d’Avroy. En fait, la structure globale est simple et ingénieuse. La façade forme un écran au niveau du boulevard d’Avroy et dissimule un ensemble de quatre bâtiments répartis autour d’une cour centrale : la partie en façade qui contient essentiellement la salle de conférences/salle des fêtes, une partie principale où sont installés tous les locaux d’enseignement et de vie commune, une partie gymnase, une partie piscine. Ces différentes constructions sont connectées, voire imbriquées. Dès 1954, cet ensemble sera accompagné par une vaste maison de maître au n°86 du boulevard d’Avroy qui est redevenu l’annexe de l’Athénée après avoir hébergé les Territoires de la Mémoire. Jean Moutschen réalise ainsi une exploitation optimale des terrains mis à sa disposition. Pour développer la fonctionnalité de l’ensemble, il rend les quatre bâtiments adjacents, de telle façon qu’élèves comme visiteurs n’ont pas la sensation de changer de lieu, mais de suivre un flux continu. À chaque partie est attribuée une tâche précise, une répartition raisonnée : les salles de cours, l’internat surplombant celles-ci ; la salle de conférence, comme un bloc en dehors des circulations purement scolaires ; les infrastructures sportives séparées. L’architecte utilise tous les espaces libres, comme la « cour de jeu », les toits et les sous-sols (avec un abri pour les bombardements). Tout est raisonné ! Y compris les choix des matériaux, façonnés dans la région, parfois innovants (les parements du hall et de la salle de conférences par exemple).
Tout qui s’est intéressé aux caractéristiques architecturales ou artistiques du Lycée Léonie de Waha a régulièrement envie de le mettre en évidence comme exemple d’architecture moderniste à Liège. Cet édifice est d’ailleurs inscrit dans la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie. L’analyse permet de mettre en valeur les qualités et les innovations du bâtiment construit en 1938. Jean Moutschen a développé une attention à la fonctionnalité des espaces, à la lumière naturelle, à la gestion du son (réduire la circulation des bruits et favoriser la communication), à la qualité des matériaux. Il a pris en compte les conditions de vie et de travail en étant attentif à l’hygiène, à la circulation de l’air, au chauffage des locaux, en installant des salles de travail confortables pour les élèves et pour les personnels. La lumière, les sons, l’air, la chaleur, de l’eau dans tous les espaces, douches et baignoires à l’internat, eau froide et eau chaude dans les chambres. Le personnel de l’internat dispose d’un matériel professionnel, de vestiaires. Même les chauffagistes qui alimentent les chaudières à charbon dans les sous-sols disposent d’un local avec fenêtres et douche. À ces différents titres, Jean Moutschen participe pleinement à la révolution de la conception des bâtiments scolaires après 1930, par rapport aux infrastructures du siècle précédent.
L’intégration des œuvres d’art
Parmi les options particulières de la création du Lycée, l’intégration d’œuvres d’art est certainement le geste le plus visible. Tant l’originalité, l’ouverture aux artistes du temps que l’intérêt pour la diversité des styles et le choix de matériaux inhabituels, même innovants, participent à créer « un bâtiment d’exception » (arrêté de classement du Lycée – 17 mai 1999). Il s’agissait d’« élever un premier monument wallon dédié à l’éducation des jeunes filles ». Dans les différents lieux fréquentés par les élèves, dix-huit œuvres parfois monumentales (aujourd’hui, 16 sont classées) témoignent de la création artistique de l’entre-deux-guerres. Réalisées par des artistes liégeois, elles abordent les thèmes de l’enseignement, du monde du travail et des ressources wallonnes, du sport, de l’art et des sciences.U
Un bâtiment inscrit au patrimoine exceptionnel de Wallonie et en constante évolution
Si la structure du bâtiment est à la pointe de la conception d’un bâtiment scolaire en 1930, les espaces pédagogiques utilisés aujourd’hui ont connu le remplacement du tableau noir et de la craie par les ordinateurs, TBI et tablettes. Les espaces ont été modifiés, sécurisés, mis en conformité. Le restaurant de l’internat (fermé en 1981) est devenu un Open space permettant de nombreuses activités impliquant des connections informatiques. Et l’espace de la cuisine des cours ménagers accueille maintenant les cours de dessin.
L’édifice, un peu oublié il y a trente ans, a vu les investissements se multiplier dès l’ouverture du projet pédagogique d’une école active pour créer un cadre de vie aussi fonctionnel qu’agréable. De nombreux travaux majeurs ont été réalisés : le réaménagement complet du quatrième étage, la pose généralisée de nouveaux châssis, la réparation des toitures, l’insertion de portes coupe-feu et la rénovation de la façade. Plus récemment, le système d’éclairage a été renouvelé et le bâtiment entièrement repeint. La salle des professeurs a retrouvé sa place d’origine au premier étage.Les laboratoires de sciences ont été revus et améliorés. Enfin, à la place des anciens vestiaires des entresols, une nouvelle salle d’étude fonctionnelle a été aménagée pour le secondaire (2e entresol) et un réfectoire pour l’école fondamentale (1er entresol).
Des travaux de rénovation et de restauration des lieux classés sont également envisagés par la ville de Liège, deux lieux exceptionnels : la salle de conférence et la piscine, ainsi que l’ensemble des peintures et sculptures. Les études préparatoires, les analyses des mosaïques et des peintures murales ont été réalisés. La priorité des projets de la ville de Liège va à l’amélioration constante des lieux d’étude.
En 1999, le bâtiment de l’Athénée est reconnu au Patrimoine Exceptionnel de Wallonie. Chaque année, l’école accueille un large public lors des journées du patrimoine pour organiser la visite de ce lieu hors du commun.